(AOF / Funds) - La contraction de l'activité a été exceptionnelle au tournant de l'année, le PIB se repliant de 1,5 % au dernier trimestre 2008 et de 1,2 % au premier trimestre 2009, mais des facteurs moins négatifs apparaissent au printemps 2009. Selon nos prévisions, le PIB en volume se contracterait de 2,9 % en 2009, sous le coup principalement de la chute des exportations et de la demande des entreprises s'agissant tant des investissements productifs que des stocks. Au 2e trimestre, le rythme de baisse de l'activité sera sensiblement plus modéré que fin 2008-début 2009, avec un plancher atteint à l'été. La reprise sera ensuite lente en tendance, le PIB ne retrouvant un rythme de progression proche de celui du PIB potentiel qu'en 2011. Cependant, il est fort probable que les évolutions trimestrielles seront contrastées : par exemple, un ressaut du PIB apparaît possible fin 2009 du fait du jeu des variations de stocks et des mesures de relance de l'investissement public. Le déficit public a franchi la barre des 3 % du PIB en 2008 avec la dégradation brutale de la conjoncture. En 2009, les stabilisateurs automatiques conjugués aux différentes mesures de soutien de l'activité l'amèneront à près de 6,5 % du PIB, un chiffre supérieur au déficit atteint lors de la récession de 1993. Au 1er trimestre 2009, la chute des échanges extérieurs s'est poursuivie. Sur l'année, étant donné les pertes structurelles de parts de marché que connaît l'économie française depuis plusieurs années, le niveau élevé de l'euro vis-à-vis du dollar et de la livre, et la concentration géographique des exportations vers l'Europe - l'Allemagne en particulier -, zone fortement touchée par la récession, les exportations en volume se replieront fortement. Après un recul particulièrement important au 1er trimestre, les importations poursuivront également leur repli, par suite de la contraction de la demande intérieure. Toutefois, celui-ci sera moins marqué que celui des exportations, le déstockage se dissipant en cours d'année. Au final, en moyenne annuelle, la contribution négative du commerce extérieur à la croissance s'accentuera. En revanche, les termes de l'échange s'amélioreront grâce à la baisse du prix des matières premières, du pétrole notamment, ce qui permettra une quasi-stabilisation du déficit commercial en valeur à 54 milliards d'euros. Au vu des enquêtes, l'activité va continuer de se contracter dans les prochains mois dans l'industrie (biens intermédiaires et d'équipement en particulier) et les services, les débouchés apparaissant toujours extrêmement mal orientés. Dans l'industrie, les carnets de commandes se sont à nouveau dégarnis en mai, excepté dans l'automobile et l'agroalimentaire, tandis que la demande prévue pour les services aux entreprises et aux particuliers demeurait très faible. Corrélativement, le taux d'utilisation des capacités de production a de nouveau fléchi en avril, atteignant un niveau historiquement bas. [-73]· ces perspectives d'activité moroses s'ajoute une situation financière des entreprises qui s'est nettement détériorée. Ainsi, selon la Banque de France, leurs résultats d'exploitation se sont sensiblement dégradés au 1er trimestre 2009, tout comme les marges. Tous ses déterminants étant très mal orientés, il est clair que l'investissement productif va continuer de chuter au cours des prochains mois. Interrogés en avril par l'Insee, les industriels s'attendent ainsi cette année à un effondrement de leurs investissements en valeur (-21 %). La contraction de l'investissement sera suffisamment marquée pour que le taux d'autofinancement des sociétés non financières se stabilise au niveau très bas atteint en 2008, limitant ainsi le recours au crédit. En 2010, sous le jeu combiné de la légère croissance attendue de la valeur ajoutée et du tassement de la masse salariale, le résultat d'exploitation des sociétés s'améliorera quelque peu, leur taux de marge ne retrouvant toutefois pas son niveau de 2008. Conjointement, l'investissement demeurant atone, leur taux d'autofinancement remontera nettement, rejoignant son niveau de 2007. Au final, la contraction de l'investissement productif en volume avoisinera -8,5 % en 2009 et -1,25 % en 2010, en moyenne annuelle. Parallèlement, fin 2008-début 2009, les entreprises ont fortement réduit leurs stocks afin de conforter leur trésorerie et de les ajuster à une demande déprimée. Ce mouvement conjoncturel est appelé à se poursuivre au 2e trimestre ; au second semestre, à l'inverse, le jeu des stocks contribuera positivement à la croissance, ce qui aura un impact de très court terme tout à fait significatif sur le PIB. Par Daphné Maurel, économiste, direction des études économiques de la Société Générale Extrait de l'"Analyse mensuelle de la situation économique", avril-mai 2009
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