(AOF / Funds) - "En nous informant des recommandations qui circulent sur la place actuellement, et en prenant le risque d'être trop simplificateur, nous constatons que les avis positifs convergent sur l'investissement en actions du bloc émergents et sur la dette corporate, plus spécifiquement sur le segment du haut rendement", note Métropole Gestion. "Les motivations avancées en faveur de l'investissement sur les actions des marchés émergents reposent principalement sur le différentiel de croissance avec les pays développés." "Elles s'appuient aussi sur des ratios de valorisation encore compatibles avec les perspectives de croissance bénéficiaire envisagées par les analystes. Cette vision manichéenne de l'investissement actions (feu vert sur les émergents en forte croissance et feu rouge sur les développés en faible croissance) présente selon nous quelques défauts : elle tend à considérer les pays émergents comme un bloc homogène, ce qui nous semble peu pertinent." "En effet, du point de vue des politiques monétaires, l'inflation qui refait apparition n'impacte pas tous les pays avec la même intensité. L'Inde, le Vietnam sont en franche lutte contre une inflation galopante avec des taux directeurs en hausse et déjà à des niveaux élevés. La Chine et le Brésil sont dans une phase plus précoce de mise en place de politiques monétaire restrictives. La Corée et Taïwan sont actuellement moins impactés par cette hausse des prix tirée par les produits alimentaires." "Du point de vue des politiques de change, le renminbi chinois est maintenu sous-évalué par une parité administré par les autorités chinoises alors que le réal brésilien s'est apprécié de 35% environ vis-à-vis du dollar depuis fin 2008." "Du point de vue du stade de développement, la Corée est quasiment un pays développé alors que le Vietnam par exemple, est au début des réformes structurelles conduisant à une sortie possible de la pauvreté. La croissance d'autres pays comme la Russie, la Malaisie ou le Nigéria reste très dépendante du cours certaines matières premières." Ensuite, cette vision manichéenne "simplifie la lecture des valorisations sans prendre en compte l'impact des politiques économiques et monétaires visant à freiner la croissance. Dans les pays où les taux augmentent rapidement, des ratios de valorisation revenus sur les niveaux moyens de long terme ne constituent plus une protection". Par ailleurs, "elle pousse à ne pas prendre en compte l'implantation et les forts retours sur investissement procurés par les efforts de nombreux groupes européens, américains et japonais sur les zones en forte croissance. Ce mode d'accès à la croissance mondiale dévoile, quand il est étudié attentivement, des ratios d'évaluation souvent plus confortables associés à une meilleure gouvernance". "L'attrait pour les obligations High Yield est lui aussi compréhensible. Après des gains nettement supérieurs à 10% en 2010 (coupon + plus value), la recherche de plus de rendement conduit à privilégier cette catégorie de dette, mais par là même à augmenter sensiblement le niveau de risque intrinsèque. Pourtant, les obligations d'entreprises de la catégorie investment grade présentent un profil toujours attractif avec un risque nettement plus faible, notamment au cas ou la croissance fléchirait ou bien si les taux souverains européens continuaient à se tendre." "Dans le même temps, nous constatons que la signature des grandes sociétés européennes est de plus en plus recherchée. Pour preuve, il revient actuellement moins cher de s'assurer contre le risque de défaut de paiement d'Air Liquide, Carrefour ou France Télécom que contre celui de l'Etat français." "Enfin, en dépit de la page 2010 qui vient de se tourner, il ne faut pas escompter que certains mouvements apparus dans l'année écoulée disparaissent en même temps que celle-ci. Parmi ces faits saillants, en voici trois qui devraient continuer à agir fortement sur les performances des classes d'actifs en 2011 : la guerre des devises. Les tensions sur les taux de change du dollar et du yuan et les incertitudes sur l'avenir de l'euro ont illustré cette année l'écart entre les économies développées et les pays émergents." "En Asie, une des décisions les plus importantes de l'année 2010 aura été celle de la Banque centrale chinoise de laisser flotter plus librement le yuan. Les résultats sont pour l'instant mitigés. Depuis, la monnaie chinoise ne s'est appréciée que de 2,9% face au dollar. Le Fonds monétaire international la juge toujours nettement sous-évaluée. Et le dollar ayant lui-même baissé face à presque toutes les autres monnaies, le yuan s'est déprécié face à l'euro (d'environ 3%) et au yen (d'environ 4,5%). S'il y a bien guerre des monnaies, Européens et Japonais se considèrent comme des victimes." "Les progrès réalisés en matière de gouvernance de la zone l'ont été sous la pression des marchés. Les outils de cette gouvernance étant insuffisants, il est donc possible que des améliorations soient apportées au cours de nouvelles phases de stress." "La crise de la dette souveraine des pays périphériques de la zone euro n'épargne plus les marchés de la dette des pays du noyau dur, notamment celles de la France et de l'Allemagne. L'impact des pays en crise et la remontée des taux longs américains ont poussé les rendements à 10 ans allemands et français à se tendre après être tombés à des plus bas historiques en août dernier (respectivement à 2,11% et à 2,46%). Le rendement du Bund allemand à 10 ans est ainsi passé de 2,41% début novembre à 2,94% aujourd'hui, celui de l'OAT française de 2,87% à 3,30%." "Surchauffe dans certains émergents ? L'apparition de signes d'une surchauffe de l'économie comme l'accélération des salaires et la formation de bulles immobilières (notamment en Chine) a conduit à un durcissement des politiques économiques. La réussite de ces politiques monétaires est un facteur critique." "En ce début d'année, l'attention portée aux cycles des politiques monétaires permettra d'éviter les marchés d'actions dont l'environnement se dégrade rapidement. Ces observations croisées nous conduisent à privilégier les actions des pays développés avec une position significative accordée aux actions japonaises. Celles-ci bénéficient d'évaluation redevenues très attractives et devraient être favorisées par des anticipations d'inflation globalement en hausse." "Au sein des émergents, nous sommes toujours investis sur les actions coréennes et celles de Taïwan. Leur valorisation n'intègre ni la qualité supérieure de l'outil industriel et technologique, ni celle du management, ni la diversification internationale des grands groupes cotés." Le gestionnaire privilégie aussi les obligations corporate de la catégorie investment grade et "une partie de la dette souveraine asiatique, où il est possible de bénéficier soit de rendements élevés, soit de perspectives favorables sur l'évolution des devises". AUT/ALO
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures. La valeur de l'investissement peut varier à la hausse comme à la baisse.